Les femmes et leurs bijoux: "l'armure invisible"
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Femmes et bijoux : l’armure invisible
Depuis la nuit des temps, les femmes portent des bijoux. Pas seulement pour briller, mais pour exister, se souvenir, transmettre.
Avant l’or et les diamants, il y eut les coquillages, les dents, les pierres polies. Dans la grotte de Blombos, en Afrique du Sud, des perles vieilles de plus de soixante-quinze mille ans prouvent que la parure est presque aussi ancienne que la parole. Les femmes, déjà, s’en servaient pour se distinguer, se protéger ou séduire.
En Égypte ancienne, les colliers et bracelets portaient chance et protection. Les reines et les prêtresses les ornaient de pierres censées assurer la faveur des dieux. Cléopâtre en fit un instrument de pouvoir : ses bijoux n’étaient pas que beaux, ils étaient politiques.
Chez les Grecques, les fines feuilles d’or sur les cheveux célébraient la grâce féminine, tandis que les Romaines portaient bagues et fibules pour afficher leur statut social. En Inde, chaque bijou avait une signification : la boucle de nez pour le mariage, les bracelets pour la fertilité, la chaîne de cheville pour rappeler la présence de la femme dans la maison.
En Afrique de l’Ouest, les colliers de perles et les bracelets de laiton racontaient la lignée, la richesse et le rôle social. Chez les Ashantis, les reines-mères portaient l’or comme symbole de parole et de pouvoir. Au Maghreb, les bijoux berbères, faits d’argent et de verre coloré, mêlaient beauté et superstition : ils protégeaient du mauvais œil tout en affirmant l’identité des femmes.
Puis vint l’Europe des rois. À la Renaissance, les femmes de cour rivalisaient de broches et de colliers extravagants, reflets de la richesse de leurs familles. Un bijou disait tout : naissance, mariage, rang. Au XVIIIᵉ siècle, Marie-Antoinette fit scandale avec l’affaire du collier de diamants — preuve qu’un bijou pouvait, à lui seul, ébranler une monarchie.
Le XIXᵉ siècle démocratise la parure. Les femmes de la bourgeoisie s’en parent pour imiter l’aristocratie, tandis que les plus modestes économisent pour une broche ou une médaille religieuse. Dans les années 1920, Coco Chanel bouleverse les codes : elle mêle perles fausses et vraies, prouvant que l’élégance ne dépend ni de la fortune ni des hommes.
Après les guerres, les femmes s’émancipent. Elles travaillent, conduisent, choisissent. Le bijou change de sens : il n’est plus offert, il s’achète. Dans les années 1970, les colliers deviennent grands, colorés, audacieux — symboles d’indépendance. Puis vient le minimalisme des années 1990 : une bague fine, une chaîne discrète, une élégance qui se suffit à elle-même.
Aujourd’hui, le bijou accompagne la vie plutôt qu’il ne la décore. Il se fait discret, durable, intime. Les femmes le choisissent pour elles, pas pour plaire. L’acier remplace parfois l’or, la simplicité l’emporte sur la démonstration. Derrière chaque pièce, on retrouve la même idée qu’il y a 75 000 ans : se parer, c’est affirmer sa place dans le monde.
Chez Edenis, chaque bijou est un héritier de cette longue histoire — celle des femmes qui, siècle après siècle, ont transformé un simple éclat en expression de liberté.
Bibliographie et sources
- Musée du Louvre — Département des Antiquités Égyptiennes
- Musée du Quai Branly — Parures du monde : symboles et pouvoirs
- Victoria Finlay, Jewels: A Secret History, Ballantine Books, 2006
- Elizabeth Taylor, A Life in Jewelry, Thames & Hudson
- “The Feminist Power of Jewelry”, Vogue UK, 2023
- Musée des Arts Décoratifs, Paris — Collections Joaillerie
- Coco Chanel, entretien 1933 — « Les bijoux ne sont pas faits pour les riches, mais pour les femmes. »